Début 2019, les « Les Ateliers de l’Universel », en partenariat avec les Pépinières Européennes de Création, ont lancé un appel à projets international à destination d’artistes plasticiens contemporains autour du concept de « l’Universel ».
Les Ateliers de l’Universel est une initiative lancée par les acteurs et partenaires de l’association ExpoFrance suite à l’arrêt du projet de candidature de la France à l’Exposition universelle de 2025 par le gouvernement en 2018. L’objectif est d’ouvrir le débat sur les valeurs d’universalité et de faire des propositions de mobilisation sur les grands enjeux universels et contemporains pour réinventer un modèle d’Exposition universelle adapté aux valeurs et aux enjeux du monde contemporain.
« Les crises financières, les tensions migratoires, le dérèglement de l’environnement, l’emballement pour les technologies ou la radicalisation des idéologies doivent plus que jamais nous inciter à réinterroger les valeurs et les enjeux que nous avons en partage (…) C’est un impératif pour le monde si nous ne voulons pas qu’il se rétracte et qu’il perde le sens et la diversité qui fondent sa richesse »
Jean-Christophe Fromantin
Président des Ateliers de l’Universel
« Les Ateliers de l’Universel » sont organisés autour de quatre composantes :
- Un espace d’échange en ligne « lesateliersdeluniversel.org » au sein duquel de nombreuses personnalités et des anonymes prennent la parole sur la notion d’universel;
- Une série d’événements, de rencontres et de tables rondes organisés dans plusieurs pays, pour débattre des valeurs et des enjeux universels et recueillir des propositions d’actions ;
- Une grande manifestation internationale nommée « Universel » qui aura lieu à Paris au Musée de l’Homme, qui fera réagir des personnalités issues de différents univers et des quatre coins du monde sur l’impératif d’universalité et les différentes formes de mobilisation possibles ;
- Enfin, un recueil des débats et un « appel pour l’universel » seront très largement diffusés dès la fin de l’année 2019 pour donner une issue à ce projet.
Les artistes présélectionnés pour cet appel à projets qui a reçu plus de 450 candidatures sont : Ruef Pascal (FR), Kavachi (TR/DE), Degremont Marjolaine (FR), Edina Seleskovic (US/BA), Budhaditya Chattopadhyay (IN)
Pascal Ruef (FR)
La photographie, la vidéo, la sérigraphie et l’estampe numérique sont autant de techniques que cet artiste français, qui vit et travaille à Lille, expérimente et pratique. Initialement, il a découvert la photographie, alors argentique, grâce à son père. Plusieurs voyages en Asie et en Amérique du sud lui ont permis de développer son regard et sa technique de façon autodidactique.
Sa recherche en photographie est dirigée vers le contraste, les formes abstraites présentes dans la nature, dans une démarche visant à révéler une écriture de la lumière où l’analogie et l’intuition opèrent en révélateur. Admirateur de Weston Edward, il est également adepte de l’instant décisif cher à Cartier Bresson, où la vie se concentre et se fige à travers l’œilleton du viseur. Il explore aussi les paysages citadins où les pochoir d’un art urbain se déclinent de façon poétique. Privilégiant le noir et blanc, il développe aujourd’hui des diptyques (série Dioptique) où deux images juxtaposées entrent en résonance, révélant des analogies formelles ou systémiques en reliant deux instantanés de vie.
Son travail comporte, par ailleurs, des sérigraphies et des estampes numériques réalisées sous forme de collages digitaux, où l’accumulation d’éléments forme les plans de machines proliférantes. S’interrogeant sur les relations homme-machine et sur l’image numérique elle-même, il s’inspire de la philosophie de Deleuze, Baudrillard, Merleau Ponty… mais aussi de la pensée de Paul Klee, pour composer des tableaux où les notions de circuit, de schéma et de diagramme sont prépondérantes.
Sa recherche en vidéo se rapproche de ses travaux en photographies et estampes numériques. il s’agit pour lui de mettre en mouvements les formes explorées dans ces deux disciplines.
Marjolaine Dégremont (FR)
Marjolaine Dégremont est née à Buenos Aires en 1957 et vit actuellement entre Paris et la Marne. Artiste et activiste, elle est autodidacte. Son travail traite du rapport entre Soi, l’espace et l’Autre. Il prend des formes très diverses et labyrinthiques avec un fil autobiographique constant, il défend par là même une grande dimension de liberté. Nombre de ses projets ont imaginé des croisements entre sculpture, intervention in situ, installation sonore, littérature et idéal politique. Très diversifiée, sa production forme pourtant un ensemble cohérent, entre abstraction et figuration, un aller-retour permanent entre Soi et l’Autre, l’intérieur et l’extérieur, la forme architecturée et l’aléatoire.
Quand on les aperçoit rangées dans un coin d’atelier, comme une étrange forêt en attente, on espère des Échelles de Marjolaine Dégremont qu’elles vont se déployer dans l’espace. On désire voir, avec leur blancheur de craie et leur apparence frêle, les deux univers qu’elles entendent réunir. À moins qu’elles ne demeurent serrées, denses comme des branchages, impénétrables. À taille presque humaine — mais pas tout à fait justement — pour qui sont-elles destinées ? Elles nous invitent physiquement mais, dans leur gracilité, elles refusent qu’on y pose le pied. Fruits de l’imaginaire, elles ne se sont pas encore complètement incarnées dans le réel.
Les œuvres de Marjolaine Dégremont se déploient ainsi en mondes tout proches, et cependant aussi inaccessibles que des décors de théâtre. Il y a ces robes blanches d’enfant, suspendues comme des fantômes, légères et tristes, immaculées et mordues par des insectes géants comme par le temps. Plus personne ne les mettra mais leur présence est sensible et dérangeante. Elles se font remarquer comme le souvenir des êtres disparus. D’une manière générale, la blancheur domine. C’est l’une des spécificités du travail de Marjolaine Dégremont, cette blancheur qui ôte aux choses, subrepticement, un peu de leur réalité, qui les apparente à des maquettes d’objets à jamais irréalisables ou qui les transporte dans l’opacité du souvenir. Elle nous permet aussi de ressentir plus crûment les émotions qui les traversent, comme celles des figurines de Petit Monde, à peine sorties des mains de l’artiste et déjà mues par les sentiments qui nous agitent continûment.
On se promène ainsi d’un monde à l’autre, des figurines du Petit Monde aux Cellules austères et surprenantes, des Refuges biscornus aux Tables mystérieuses. Toujours, l’imaginaire doit se réadapter et le corps aussi, car chaque œuvre exige du spectateur un engagement physique et sensible différent, ainsi quand l’œuvre soudain prend une ampleur théâtrale, se dote de son, se dote d’un message plus politique. On doit pouvoir plagier Maurice Blanchot, qui disait que le lecteur fait l’œuvre : de même pour le spectateur, devant les œuvres de Marjolaine Dégremont, et ce parce qu’elles le demandent.
Budhaditya Chattopadhyay (IN)
Budhaditya Chattopadhyay est un artiste travaillant dans les champs du son et des médias, compositeur, chercheur et écrivain d’origine indienne. Il est titulaire d’un doctorat en recherche artistique et en études sonores de l’Académie des arts créatifs et du spectacle (ACPA) de l’Université de Leiden, aux Pays-Bas. Chattopadhyay est actuellement boursier postdoctoral au Center for Arts and Humanities de l’Université américaine de Beyrouth. Avant son doctorat, il a été diplômé de l’école de cinéma nationale indienne, se spécialisant dans l’enregistrement sonore, et a obtenu une maîtrise des arts en nouveaux médias et en arts sonores de l’Université d’Aarhus, au Danemark.
Avec le son comme médium central, Chattopadhyay produit des installations et des performances live, traitant de problèmes sociaux et politiques contemporains tels que la crise climatique, l’intervention humaine dans l’environnement et l’écologie, l’urbanité, les migrations, la décolonialité et le concept de race. Sur le plan conceptuel, l’œuvre de Chattopadhyay s’intéresse à la matérialité, à l’objet, au site et à la médiation technologique du son, et aborde les aspects de subjectivité, de contemplation, de conscience et de transcendance inhérents à l’écoute.
Ses travaux sont publiés par Gruenrekorder (Allemagne) et Touch (Royaume-Uni). Chattopadhyay est un érudit de Charles Wallace, un bénéficiaire de la bourse Prince Claus et un boursier de Falling Walls; il a reçu plusieurs résidences, bourses et récompenses internationales. Apparaissant dans de nombreuses expositions, concerts, conférences et festivals, les œuvres de Chattopadhyay ont été exposées, interprétées ou présentées, entre autres à Transmediale, Berlin; ZKM Karlsruhe; TodaysArt Festival, La Haye; Festival de Donau, Krems; Musée d’art moderne de Medellín; Kunstuniversität Graz; Festival des sonorités, Belfast; RE-NEW Festival des arts numériques, Copenhague; RRS Museo Reina Sofía, Madrid; Q-O2, Bruxelles; Sluice Screens, Londres; Akusmata, Helsinki; Nikolaj Kunsthal et l’Institut d’art contemporain Overgaden, Copenhague; CTM, Berlin; Corps érotiques, Berlin; Hochschule Darmstadt; SoundFjord, Londres; Deutschlandradio, Berlin; Institut für Neue Medien, Francfort; Quartair Art contemporain Initiatives, Den Haag. Les écrits théorique de Chattopadhyay paraissent régulièrement dans des revues internationales à comité de lecture, avec deux livres sur le domaine des études sonores à paraître en 2020.
Edina Seleskovic (US/BA)
Née en Bosnie-Herzégovine, l’artiste arrive aux États-Unis en 1991 grâce à un programme d’échange d’écoles secondaires. À cause de la guerre en Bosnie, elle reste aux États-Unis. Depuis l’obtention de son diplôme à la Corcoran School of Art de Washington DC, ses œuvres ont été exposées dans plus de 50 expositions individuelles et collectives dans des galeries aux États-Unis, en Europe et en Asie.
Ses multiples collaboration avec des artistes travaillant dans diverses disciplines artistiques ont participé à la fondation du groupe d’art new-yorkais The Stoodio, ainsi que la maison de couture Anie Rexe et est l’une des artistes fondatrices de la communauté artistique Williamsburg à New York. Elle est également connue pour sa performance publique Take One en collaboration avec la photographe new-yorkaise Emily Raw et sa performance vidéo Maid in Chinatown en collaboration avec l’artiste de Los Angeles Aaron Sheppard, présentée à la première Biennale d’art chinois à Beijing en 2008…
Edina voyage souvent, travaille autant que possible sur les deux continents et développe avec plaisir des projets liés à la Bosnie-Herzégovine. En 2007, Edina Seleskovic a peint le timbre postal Édition spéciale du pays. En 2013, Edina a conçu le maillot de l’équipe nationale de basket-ball de l’équipe nationale ainsi que leur communication visuelle. Elle est la fondatrice du premier programme d’artistes résidents en Bosnie-Herzégovine au studio d’Ismet Mujezinović. En collaboration avec l’artiste Maria Lanas et l’astronaute Nicole Stott, Edina et le projet Postcards to Space ont été organisés pour les enfants du département d’hématologie et d’oncologie de l’hôpital pour enfants de Tuzla, afin d’envoyer leurs œuvres et leurs messages à la Station spatiale internationale. Son projet Think Freedom, lancé depuis la ville de Sarajevo, est en tournée européenne depuis trois ans. L’année prochaine, il se rendra en Amérique du Sud, en Asie et en Australie, pour s’installer à New York en 2022.
Edina Seleskovic est lauréate de nombreux prix tels que la bourse Can Serrat à Barcelone, la bourse Gosce Gallery en Autriche, les bourses Sculpture Space Fellowship et Sam & Adele Golden Foundation for the Arts Fellowship à New York, et est devenue la seule artiste à recevoir ces deux prix prestigieux pour la peinture et la sculpture. Elle est également une motivatrice et une conférencière assidue lors de conférences sur le thème de la culture dans la société, telles que le Weekend Media Festival, OPEN FEST, les conférences STEPS et les conférences de chefs de la direction. Edina est l’une des fondatrices et directrice du projet SuperWoman et du Festival of Contemporary Woman, qui réunit des femmes influentes du monde entier qui souhaitent partager leurs histoires de succès inspirantes.
Kavachi (TR/DE)
Kavachi (1989-Sarayköy) est diplômé du département d’éducation aux Beaux-Arts de l’Université de Muğla, Turquie, en 2010. Il est titulaire d’une maîtrise des Beaux Arts, département peinture, de la faculté des Beaux Arts de l’université Hacettepe d’Ankara en 2014 et bénéficie d’une bourse d’études pendant un semestre à la Faculté des Arts et du Design de l’Université Jan Evangelista Purkyne à Usti Nad Labem (République tchèque) en 2012. Il termine son deuxième master en art public et nouvelles stratégies artistiques au Bauhaus Universität Weimar (Allemagne) en 2018. Il vit et travaille dans l’espace.
Sa pratique pluridisciplinaire va de l’installation temporaire à la performance, en passant par l’art vidéo, le dessin, la peinture et la création d’objets. Ses œuvres ont généralement une vision critique sur des problèmes sociaux, politiques et culturels. Faire de l’art, pour lui, est comme un reflet des différentes expériences et souvenirs qu’il a accumulé. Ses sujets de prédilection sont la valeur de l’art, l’immigration, l’hospitalité, la solidarité, la coexistence, la dignité, les traumatismes de l’enfance, les LGBTQ. Aujourd’hui, il travaille ses projets de manière plus performative. L’une de ses stratégies consiste à collecter différents matériaux auprès de personnes afin de communiquer et d’impliquer ces dernières dans un projet artistique.
Sa première exposition personnelle est Mommy when will I get married à Third Space, Helsinki (Finlande), 2017. Parmi les expositions collectives auxquelles il a participé, citons : Charlottenborg Spring Exhibition au Kunsthal Charlottenborg Copenhagen (Danemark) 2019; Thessaloniki Queer Art Festival Projection au LABattoir, Thessalonique, (Grèce) 2019 ; Walter Koschatzky Art-Award au HOFSTALLUNGEN du MUMOK, Museumquartier, Vienne (Autriche) 2019 ; Imaginary Bauhaus Museum au Musée Schiller, Weimar (Allemagne) 2019; Immer Ärger mit den GroßelternKunsthaus, Dresden (Allemagne) ; Desintegriert Euch! 3. Berliner Herbstsalon, Kronprinzenpalais, Berlin (Allemagne) 2017 ; You left behind Kasa Gallery İstanbul (Turquie) 2017…
Info
Production
- Les Ateliers de l’Universel en partenariat avec le réseau des Pépinières Européennes de Création