Depuis une vingtaine d’années, Tommy Lawson développe une œuvre sonore qui porte une attention particulière aux territoires et aux implantations contextuels susceptibles de révéler à la fois les espaces investis et susciter d’autres modes perceptifs.
Il a également initié, à Bastia, en 2008, l’association Zone Libre qui coordonne le festival des arts sonores depuis 2019. À la faveur de la sortie de son premier album Bega [Sonic Scapes] sorti sur le label Transonic, à la suite d’une résidence Pépinières européennes chez Transcultures (La Louvière – Belgique), nous sommes revenus avec lui sur son parcours et la spécificité de son approche audio contextuelle.
Rencontre avec Tommy Lawson
Philippe Franck : Comment en êtes-vous venu à la création sonore ?
Tommy Lawson : J’étais déjà très tôt (vers l’âge 10 ans) sensible à la manipulation du son fixé sur bande. D’une manière plutôt ludique et par nécessité, j’ai comme beaucoup de personnes de ma génération (celle qui avait la vingtaine dans les années 80) été obligé de réparer des cassettes audio dont la bande venait à rompre et il fallait démonter le châssis de la cassette, faire une coupe propre à l’endroit de la rupture des deux cô- tés de la bande, faire ensuite un petit collage avec du scotch méticuleusement découpé aux proportion de la bande et enfin remonter tout le châssis avec les petites vis et veiller à ce que la bande ne tourne pas en torsion et reste bien à plat pour passer devant la tête de lecture du lecteur cassette sans problème.
Une fois toute ces opérations effectuées, on avait la chance de retrouver notre morceau de musique, amputé de quelques secondes certes, mais de nouveau là, presque sous nos doigts, et le plaisir de l’écoute pouvait se poursuivre, jusqu’à la prochaine réparation. Mon attrait pour la création sonore vient certainement de là.
Ensuite, il n’a plus été simplement question de réparer une cassette, ça a été une réelle curiosité pour les sons qui s’est développée avec des nuits entières d’écoute.
Vers l’âge de 20 ans, j’ai fait la rencontre d’un drôle de gars à la Fac et nous avons très rapidement sympathisé autour des dizaines de cassettes qu’il m’ordonnait presque d’écouter. C’était un amoureux fou de Jazz et j’ai découvert comme cela des artistes et des albums fabuleux. Et ce qui me plaisait vraiment, c’était la découverte d’un « ailleurs » dans le Jazz avec certains albums de John Coltrane alors que la fin était proche… des projets comme CODONA, Antony Braxton, La série des Chapter de Gato Barbieri, etc. Des artistes qui me donnaient envie de découvrir de nouvelles sonorités, des modes d’emploi du Jazz qui s’émancipe des codes et qui assumait une base tout à fait free. Une liberté totale… ce qui m’a probablement et entre autres inspiré le nom du projet d’association et de festival que je porte, Zone Libre. …
CHRONIQUES EN MOUVEMENT
- Godard, dieu du cinéma, prophète de la vidéo, par Jean-Paul Fargier – p.8
- Jean-Luc Godard, poète jusqu’au bout des doigts, par Marc Mercier – p.16
- Impressions soleil couchant…, par Jean-Paul Fargier – p.26
- Alger/Casablanca, le grand sud des arts vidéo, par Marc Mercier – p.30
- Les corps si oui des Corsino, par Jean-Paul Fargier – p.42
- Retour sur une expérience curatoriale, par Gabriel Soucheyre – p.46
- Au-dessous comme au-dessus, par Gabrielė Arlauskaitė – p.50
- L’art à la limite de la perception, par Tomas Pabedinskas – p.56
- La création sonore en zone libre, propos recueillis par Philippe Franck – 64
PORTRAIT D’ARTISTE : ANNE-SARAH LE MEUR
- Entretien avec Anne-Sarah Le Meur, propos recueillis par Gabriel Soucheyre – p.76 Au creux de l’obscur, par Anne-Sarah Le Meur – p.82
- Corps, nombre, lumière, par Anne-Sarah Le Meur – p.90
- Anne-Sarah Le Meur peinture programmée, par Jean-Jacques Gay – p.98
- Portrait vidéo : Anne-Sarah Le Meur, par Gabriel Soucheyre – p.100
SUR LE FOND
- Severance, Dissociation, par Alain Bourges – p.102
- Entre-espaces et dispositifs hypermédia, propos recueillis par Philippe Franck – p.106
- Félix Côte, aux sources des fossiles numériques, propos recueillis par Maxence Grugier – p.114
- Un art du camouflage, à propos de quelques cas de détournement, par Gilbert Pons – p.122
- Rachel M. Cholz, propos recueillis par Jacques Urbanska – p.132
- La chimie sonore de Mathilde Schoenauer Sebag, propos recueillis par Jacques Urbanska – p.144
LES ŒUVRES EN SCÈNE
- L’Arbre et ses rhizomes vidéographiques de Sivan Eldar, par Geneviève Charras – p.152
SUPPLÉMENT
- Lockdown Publishing : Les boucles de l’archeiropoièse, par Stéphane Troiscarrés – p.154
Infos
- 01.2023
- Lire online – Télécharger
- zonlibres.com – philippe franck.eu
Production
- Videoformes
- Article : avec le soutien des Pépinières Européennes de Création et de Transcultures
- videoformes.com/magazine