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« Mais qu’est-ce que cela signifie, la peste ? C’est la vie, c’est tout.  »
– Albert Camus, La peste

C’est le début d’une nouvelle décennie, et l’espèce humaine fait face à un ennemi invisible, sans visage, sans cervelle mais très efficace: un virus qui menace nos vies et notre mode de vie. Cela pourrait être l’occasion de se regarder humblement et de réaliser: malgré notre intelligence et notre technologie, nous n’avons pas de contrôle absolu sur la nature.

Bien que le virus ne nous discrimine pas et ne nous traite pas tous de manière égale, cette menace expose notre fragilité, non seulement en tant qu’êtres, mais aussi en tant que société – les inégalités sociales, le racisme structurel et la violence domestique sont quelques-uns des problèmes qui sont exacerbés par cette crise.

Qu’est-ce qui va nous arriver ? Pourrons-nous évoluer en tant qu’espèce ou continuerons-nous à insister sur les mêmes erreurs ? Les choses vont-elles revenir à la normale? Ou, plus précisément, voulons-nous de cette normalité ?

La particularité de ce moment est que nous nous sentons plus que jamais partie de ce grand collectif appelé l’humanité. Bien que nous vivions plus que jamais dans l’isolement, nous pouvons nous sentir connectés à tous les autres humains à travers la planète.

Common Ground

Le projet “Common Ground” propose la création d’une base de données grandissante, avec la collaboration d’artistes du monde entier, partageant des pièces vidéo, sonores et / ou textuelles. Le principal objectif immédiat est de collecter un instantané large et varié de ce qui se passe en ce moment à différents endroits du monde, de la façon dont les gens font face à ces immenses changements au sein de leur routine, mais surtout, comment nous pouvons imaginer et adapter le monde après le(s) confinement(s). Ce projet devrait croître de façon exponentielle, et au-delà du confinement, afin que nous puissions continuer à réfléchir sur sa réplique.

Cette base de données a le potentiel de se développer comme un virus: l’artiste/commissaire brésilienne basée en Belgique, Kika Nicolela, invitera un noyau de 20 artistes internationaux, et chaque artiste de ce groupe pourra inviter jusqu’à 20 autres artistes à participer au projet, etc.

Chaque artiste peut soumettre n’importe quelle quantité de morceaux vidéo ou sonores de 10 à 60 secondes, ou n’importe quelle quantité de texte jusqu’à 500 caractères – des textes plus longs peuvent être soumis sous forme de performances vidéo ou sonores (encore une fois, jusqu’à 60 secondes chaque fichier).

Les pièces n’ont pas nécessairement besoin d’être « finies» ou «polies », elles peuvent être des extraits de moments quotidiens, de petites performances intimes, des haïkus, des réflexions poétiques, des ébauches ou des pensées… un reflet de ce moment – y compris des visions de l’avenir viennent de différentes perspectives et parties du monde.

Les pièces collectées seront ensuite combinées à travers différentes stratégies – installations vidéo multi-écrans, vidéos génératives, expositions et performances en ligne et hors ligne. La base de données complète sera également disponible en téléchargement pour tous les artistes participants, qui peuvent également créer leurs propres pièces à partir du matériel soumis.

Alors que la base de données est en pleine croissance, certaines des pièces téléchargées seront partagées sur les pages de réseaux sociaux du projet, afin que chacun puisse avoir un aperçu de son contenu.

L’humanité sortira-t-elle plus ou moins forte de ces crises ? Probablement un mélange compliqué des deux. Le projet Common Ground propose que nous joignons nos forces créatives et essayons ensemble de réfléchir à qui nous sommes et à ce que nous pourrions devenir.

Kika Nicolela

Artiste brésilienne, cinéaste et commissaire indépendante, qui vit entre Bruxelles et São Paulo. Ses œuvres comprennent des vidéos, des installations vidéo, des performances, des documentaires expérimentaux et de la photographie. Diplômée en cinéma et en vidéo par l’Université de São Paulo, Kika Nicolela a également une maîtrise en beaux-arts à l’Université des Arts de Zurich (ZHDK). La caméra est pour elle un outil permettant d’enquêter sur la représentation et la représentation de soi, l’identité et l’altérité, le portrait et l’autoportrait, et de créer un espace de fluctuation entre ces binaires.

Elle s’est intéressée à la réalisation de vidéos et d’installations vidéo permettant au spectateur de jouer un rôle plus important dans la production de sens, c’est-à-dire des œuvres dans lesquelles le sens est atteint par la négociation constante entre le spectateur et les éléments, souvent multiples et ambigus, du récit. Elle recherche cette ambivalence dans l’image en mouvement : des œuvres qui produisent une expérience accrue de l’ambiguïté même de notre propre subjectivité et du réel.

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