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L’œuvre de Tamara Laï occupe une place à part dans l’évolution de l’art vidéo et multimédiatiquede ces 30 dernières années. D’abord vidéaste à la fin des années 80 porté par la dynamique de la scène artistique liégeoise dont elle est issue, puis dans la deuxième moitié des années 90, net artiste investiguant les réseaux de manière poétique, elle choisit, en 2011, de revenir à l’art vidéo, de manière très indépendante tout en sollicitant nombre de collaborations internationales, interagissant librement avec la musiqueetle texte dans des sortes de micro «road movies» hybrides et intimes.

A partir de la fin septembre 2021 et dans les mois qui suivent, elle sera doublement à l’honneur, en Belgique, puisque le Musée des Arts Contemporains (MACs, Grand-Hornu) lui consacre une exposition et qu’une sélection de ses Vidéo-poèmesseront diffusés dans le cadre de la Biennale d’art contemporain ARTour à La Louvière. Rencontreavec une artiste du voyageextérieur/intérieur.

Phil. Franck : Comment en êtes-vous venue à la vidéo, après la pratique de la peinture et de la photographie et dans quel contexte ?

Tamara Laï : Au départ, c’était pour avoir un métier : à 29 ans (après plusieurs jobs tels que hôtesse d’accueil, libraire, antiquaire…), égarée dans un no-man’s land professionnel, j’eus envie de changer de voie mais sans savoir quelle orientation prendre. Et c’est tout-à-fait par hasard, et d’une manière plus qu’incongrue-un jeu dans un magazine féminin, sur une plage yougoslave, sur les métiers d’avenir -que je découvris la vidéo. Mais à l’époque (1983), je ne savais même pas ce qu’était la vidéo, ni … quelles études, quelles fonctions, quels débouchés etc. A mon retour, intriguée, je me suis informée et appris qu’à l’Académie des Beaux-Arts de Liège, où je vis, il y avait un cours de vidéo que j’ai suivi comme élève libre. Dans l’atelier, nous avions peu de matériel (U-matic standard), et il nous fallut assez vite apprendre la collaboration par la demande de services, surtout auprès des télés locales. A la fin de la première année, Jean-Pol Tréfois, producteur de l’émission pionnière Vidéographie à laRTBF, cherchait un/e stagiaire pour assister Michel Jaffrenou, vidéaste français, pour sa vidéo Circus ainsi que Marie-Jo Lafontaine, vidéaste belge, pourA los 5 de la tarde. Jacques Nyst, mon professeur, m’y envoya et c’est ainsi que je fis mes premiers pas dans des studios de télévision.

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